Rencontre avec Archevangelina Faery

Où suis-je ? Je n'en sais rien. C'est très étrange. Suis-je encore en train de rêver ? Je n'en sais vraiment rien, mais au fond de moi je pense que non. Je met quelques secondes à me rappeler comment je suis arrivée là. Il y a ce rêve que je faisais depuis des mois. Et cette porte qui ne voulait jamais s'ouvrir. Mais je l'ai ouverte. Sans pour autant voir ce qu'il y a derrière.

Je me retourne alors pour vérifier. Aucune porte, rien. Cela dit il est vrai que je me suis réveillée dans mon lit. Prise d'un doute je baisse la tête. Je suis encore en nuisette ! C'est une magnifique nuisette en soie, vert sombre et avec des dentelles aux extrémités. Mais je suis dehors. Et il est assez indécent, voire dangereux, car il faisait nuit, de se balader ainsi à l'extérieur. Belle comme je suis, quelqu'un de mal venu pourrait être prit d'envie qui...

Je frémi et m'ôte l'image de la tête. Ce n'est pas possible qu'il se passe ce genre de chose. J'étais dans mon lit il y a à peine quelques minutes. Soudain, je me rappelle cette fumée étrange qui flottait dans ma chambre. Elle était belle, cette fumée. Mais je ne sais pas d'où elle venait, ni ce qu'elle faisait là. Mais je me rappelle l'avoir touché, avoir plongé mes doigts dedans. C'est d'ailleurs à ce moment là que je me suis retrouvé.

Bon, il ne sert à rien de m'apitoyer sur mon sort, je suis bien plus mature que ça quand même. Et puis je ne peut pas réfléchir avec si peu de matière. J'inspire donc profondément puis regarde autours de moi. Je suis dans l'herbe. En fait autours de moi tout n'est que nature. Il y a des arbres, d'ailleurs il y a un grand arbre à côté de moi, un chêne apparemment. Mais il n'a rien de spécial. C'est un chêne tout ce qu'il y a de plus banal. Plus loin il y a des buissons qui courent le long d'un petit chemin de terre. Et...

Ah il n'y a pas que de la nature. Un château, un grand château trône un peu plus loin derrière moi, un peu vers la droite. Je me retourne complètement pour le regarder. Ce n'est pas un chaton fort, c'est plutôt un manoir. Mais en plus impressionnant. Je n'en ai jamais vu de pareil. Il est tellement beau, indescriptible... En fait ce château m'irai à merveille.

Mais je suis inquiète. J'arrête donc rapidement de contempler ce château et regarde de nouveau autours de moi. Je ne vois rien d'autre que la nature. Je dois être dans le parc du château. Enfin j'imagine. Bon, il faut que je réfléchisse. Mon intellect est largement assez puissant pour comprendre ce qui m'arrive. Je glisse mon doigt dans mes cheveux pour les remettre derrière mon oreille. C'est plus un réflexe qu'autre chose, mais je l'aime bien, ça me donne du charme.

Bon, il faut que je me décide à faire quelque chose. je ne vais pas rester là toute la nuit. Surtout qu'il commence à faire froid. Je suis presque nue. Je croise les bras pour me réchauffer et me lance sur le chemin qui serpentait dans les buissons. Je prend la direction du château, peut-être m'y mènera-t-il. Mais un problème se présente très vite à moi. Je suis pieds nus. Et les gravillons du chemin ne sont pas très agréables. Surtout que je ne veux pas abimer mes beaux pieds. Je décide donc de sortir du chemin et de le suivre en marchant sur la pelouse, qui elle est très agréable.

En marchant je me rend compte qu'il n'y a aucun bruit dans cette nature. Cependant l'atmosphère est agréable, presque féérique. Je me demande bien où je peut-être. Et surtout comment j'y suis arrivée. Peut-être la fumée était-elle hallucinogène et je suis en plein rêve, ou en plein délire. Enfin, comme je ne peux pas le savoir, autant ne pas y penser.

Je me rapproche du château, et soudain j'entends une voix. Je sursaute et m'arrête, l'oreille aux aguets.

"J'ai vraiment hâte de voir nos nouveaux élèves."

C'est une voix féminine et douce. Mais cela doit-il me rassurer ? Que dois-je faire ? Je panique un peu, mais il faut que je me ressaisisse. Je suis sûrement en plein rêve, ce domaine que j'affectionne tant. Je devrais donc pouvoir m'en sortir facilement. De plus je me réveillerai sûrement à la fin.

J'inspire un grand coup et suis de nouveau le chemin. Et soudain, j'arrive en vue de la source de la voix. C'est une femme, jolie, plutôt dans la bonne moyenne, mais pas aussi belle que moi. Ses cheveux sont violets, c'est assez étrange. Je pensais que de tels cheveux n'existaient que dans les manga. Surtout que ses yeux sont de la même couleur. Ils resplendissent d'ailleurs de vie et d'amour, mais aussi de tristesse. C'est un beau regard, plein de sentiment, très vivant. Ses cheveux flottent dans le vent, retenus par un fin bandeau noir. D'ailleurs, elle ne porte que du noir. C'est un peu triste. Mais ça contraste énormément avec ses yeux. La robe qu'elle porte est superbe, enfin par rapport à la plupart des robes qui existent. J'ai aussi de telles robes dans mes armoires, sauf que je privilégie un peu de couleur. la sienne est noire, mais la met bien en valeur. On dirait qu'elle est faite pour elle.

Elle me regarde comme si elle sait qui je suis. Comment pourrait-elle seulement le savoir ? Enfin je ne me pose pas trop de question. Je cherche surtout à savoir si elle peut m'aider. Mais son teint pâle ne m'encourage pas trop. Je décide cependant de me lancer.

"Bonjour, je... Je m'appelle Archevangelina et je suis... perdue."

Angelus Matthews

"Où suis-je ?"

L'inconnue me parle quelques secondes après, prenant apparemment le temps de m'étudier rapidement. J'apprécie sa voix, calme, rassurante. Elle essaie de me rassurer, et répond aussi à ma question. Mais sa phrase, bien qu'assez courte, me surprend...

Il me faut quelques temps pour tout assimiler. Non pas que je sois lente à comprendre, mais le froid, la surprise et surtout l'étrangeté des propos d'Angelus Matthews, d'après ses dires, m'obligent à prendre mon temps.

Je n'ai pas à avoir peur. C'est censé être rassurant, mais même si je devais avoir peur d'elle elle ne me le dirait pas, donc ça ne me rassure pas tant que ça. Il faut dire que je n'en ai pas vraiment besoin non plus, j'ai rarement peur dans mes rêves.

Par contre, dire que je ne suis pas perdue est un peu optimiste. Je ne sais pas où je suis, c'est ce que j'appelle être perdue. Si c'est pour me dire des choses comme ça c'est pas la peine ! Je veux simplement rentrer chez moi. Ma vie magique ? C'est assez... extravagant non ? Surtout qu'elle parle d'entrer dans son école ! Ce château est une école ?

Soudain toutes les pièces de sa phrase se mettent bout à bout et je fronce les sourcils. Elle est directrice... d'une école... de magie ? C'est n'importe quoi... Ce rêve n'a rien de rationnel, vivement que je me réveille.

Elle, Angelus Matthews, me regarde et semble songeuse. C'est vrai que je suis belle mais ce n'est sûrement pas à ça qu'elle pense, du moins j'imagine. Mais à quoi pense-t-elle donc ? Et soudain, comme sortant de ses pensées, elle me propose son aide. En ais-je besoin, veut-elle savoir.

Et bien, oui évidemment ! Je suis perdue je viens de le dire ! Bon, il faut que je me calme. L'irrationalité du moment ne doit pas me faire perdre les pédales. Je suis matures et je sais me contrôler. Et puis, même si en moi je suis comme ça, je suis timide, je n'arriverai jamais à ressortir ce que je pense directement, surtout que je ne la connais pas, cette dame.

"Et bien... Oui. Je... Je ne sais pas où je suis, ni comment je suis arrivée là, et... Enfin, pouvez-vous m'aider ?"

Elle peut m'aider. Dans les rêves, rien n'est dû au hasard, du moins c'est ce que j'ai cru comprendre en m'intéressant aux miens. Et dans ce cas cela signifie que la présence d'Angelus est calculée. Elle va donc sûrement pouvoir m'aider. Si elle est directrice de cette... école, elle doit savoir comment retourner chez moi. Enfin j'imagine.

Et après tout, si c'est vraiment une école de magie, elle doit être magicienne. Elle doit donc pouvoir la ramener directement chez elle. Soudain une idée me vient, un doute comme je ne les aime pas, un de ceux qui rende l'atmosphère angoissante, qui font que même les rêves paraissent dangereux...

Je me rappelle la soirée avec mes parents, cette soirée où ils m'ont dit que j'avais du sang magique... Et si ce n'était pas un rêve, si cette école existait... pour de vrai ? Ils me l'auraient dit ! Ils ne m'auraient pas caché une chose pareille ! Mais, connaissent-ils cette école ? Où ont-ils appris leurs magies, comment l'ont-ils découvert ?

Je me sens mal. Une sueur froide, désagréable, coule doucement dans mon dos. Il faut que je me ressaisisse. Je vaut bien plus que ça, je ne vais pas laisser apeurer par de tels... doutes. Je ferme les yeux l'espace d'un instant, le temps de me calmer, puis je les rouvre. Angelus est toujours là, devant moi, et j'ai l'impression qu'elle s'apprête à me répondre.

Compréhension

Angelus Matthews

Elle veut m'aider ? Bah tant mieux, comme ça je suis rassurée. Quoique... Elle a l'air de réfléchir et ça ne me rassure pas. Mais qu'ai-je à perdre ? Si je suis dans un rêve, rien. Et sinon... Bah je verrai bien. De toute façon, ce n'est pas en m'enfuyant que ça va arranger les choses. Je ne sais pas où je suis ni comment rentrer chez moi, donc mieux vaut rester avec elle peut-être trouverai-je une solution plus tard.

Tiens, elle me propose de la suivre. Elle me prie même ! Et bien, elle est polie c'est dame, ou demoiselle, je ne sais pas. C'est agréable au moins, et ça rassure.

En effet, alors que nous nous mettons à marcher en suivant le même sentier que celui qui m'a guidé jusqu'à elle, je me sens rassurée, presque bien. J'ai froid, mais c'est normal, je ne suis qu'en nuisette. D'ailleurs j'espère qu'il n'y a pas d'homme qui traine dans le coin ça ferait très mauvais genre. Et puis belle comme je suis, il serait capable de ne pas s'en remettre. Enfin passons. A part ça je me sens bien. La présence de cette directrice est particulière. C'est assez étrange d'ailleurs. Cependant je n'oublie pas qu'elle m'est inconnue, il faut que je me méfie. Je suis trop intelligente pour me laisser aller comme ça.

Elle se met finalement à parler, alors que nous marchons. Elle me dit que je suis en Irlande ! Ca confirme ce que je pensais, je suis bien dans un rêve. Il m'est impossible de me retrouver en Irlande en si peu de temps. mais avec de la magie je... Soudain un doute m'assaille. Et si ce n'était pas un rêve, mais de la magie. Elle m'a déjà dit que ce château qu'elle venait de me montrer, celui que j'ai vu tout à l'heure, est une école de magie. Serait-ce elle qui m'a amené ici ? Je fronce les sourcils sans dire un mot, suivant simplement cette directrice. Je suis intelligente, je dois pouvoir remettre les pièces de ce puzzle en place et comprendre ce qui se passe. Et surtout, je ne dois pas paniquer. Je suis trop mature pour paniquer.

J'ai un don ? Comment peut-elle le savoir ? Enfin, c'est un peu bête comme question, presque indigne de moi. Si elle est réellement magicienne et que c'est la directrice de l'école, elle doit être assez puissante pour savoir ce genre de chose. Et puis j'ai toujours su que j'étais unique, mais de là à avoir un don. Ça me plait bien comme idée. Et il est vrai que ma famille est composée de magicien.

Elle dit sûrement la vérité. Plus j'y réfléchit et plus j'y crois. Tout se recoupe. Cependant je continu à ne rien dire. On ne sais jamais. Je ne sais toujours pas comment je suis arrivé là, ni pourquoi? Et même si je suis unique, si j'ai un don, je n'aime pas l'idée que l'on m'espionne depuis longtemps pour m'amener dans un endroit inconnu à mon insu alors que je suis en nuisette.

Je continue à l'écouter. D'ailleurs je remarque qu'elle parle bien. Elle doit être habituée à parler. Je parle bien moi aussi, même mieux que la moyenne, mais je dois avouer qu'elle est très douée dans ce domaine.

Mais elle ne parle plus, elle s'arrête de marcher, puis se tourne vers les arbres qui longent le chemin. Que fait-elle. Et soudain, j'écarquille les yeux. Une pomme de pin viens de se décrocher d'un arbre. Mais elle ne tombe pas, elle est comme... en lévitation. Elle vole, littéralement, dans l'air, se dirigeant vers nous. Je fronce les sourcils et me crispe, prête à l'éviter au cas où. Mais non, elle atterri délicatement dans la main tendue de la directrice. Et elle sourit. Enfin la directrice sourit.

Elle peut faire bouger les objets par la pensée me dit-elle. C'est stupéfiant. Et je ne suis pas une idiote je sais bien que ça s'appelle de la télékinésie. Evidemment je ne pas un mot, je suis abasourdie par ce qu'il vient de se passer. Je fais un bref récapitulatif de la situation.

Je suis en Irlande, dans le parc d'un château invisible pour la majorité des gens, en nuisette, avec une femme à la fois douce et respectueuse, qui fait léviter des objets par la pensée, et qui affirme que j'ai un don. Et bien, si je m'attendais à ça. Par contre, apparemment elle ne connait pas mon don. C'est dommage. Ou allors elle me le demande simplement pour savoir si je le connais.

Je réfléchit. Non, je ne pense pas le connaitre. J'ai quelques talents, des facilités pas mal de qualités, mais de là à parler de talent, ce serait prétentieux de ma part. Par contre, tout cela me rappelle la soirée où mes parents m'ont révélés qu'il y avait de la magie dans la famille, et au sens premier du terme.

Tiens, elle me demande comment je suis arrivé là. Bah, en vérité, je n'en suis pas sûre, mais en tout cas je me souviens bien de mon réveil et de ce qu'il s'est passé après. Mais elle ne me laisse pas le temps de lui répondre et renchérit pour me rassurer. Je n'ai plus vraiment besoin d'être rassuré mais bon, au moins, elle est attentive et attentionnée. En plus de bien parler et d'être belle. Cette femme est une exception, comme quoi, je ne suis pas la seule.

Soudain, je fronce légèrement les sourcils. Elle vient de mentionner mes parents, disant qu'ils sont au courant de ma venue ici, et que je n'ai donc rien à craindre. Ils me l'auraient dit si je devais venir ici non ? Peut-être me l'ont-ils dit lors de cette soirée si spéciale. Il faut avouer qu'apprendre tout ça est assez déroutant, peut-être n'ai-je pas tout retenu. Bon, du moins, si elle dit qu'ils ne sont pas inquiets, tant mieux. Mais ça ne résout pas mon problème.

C'est étrange mais plus le temps passe et plus tout ce qu'il vient de se passer se met en forme dans mon esprit. mais je n'ai pas eu le déclic jusqu'à maintenant. Ce n'est qu'en entendant la directrice me dire qu'elle doit m'enseigner du savoir que tout s'éclaircit. Mais comment ai-je pu être aussi bête ? Sûrement le froid, et la surprise, enfin voilà, d'habitude j'aurais compris bien plus vite. Elle veut que je sois son élève ! Ou du moins, l'élève de son école.

Je met quelques temps à réagir, elle doit se dire que je suis complètement paniquée, ou attardée. Mais je ne suis aucun des deux. Je suis surtout surprise de tout ça.

Elle s'est tut, mais semble attendre quelque chose. Elle a de beaux yeux, tien. Il faut que je lui réponde, parce que là je dois avoir l'air d'une idiote.

"Oui oui, je comprends très bien. C'est juste que... Enfin voilà c'est un peu... inattendu. Il n'y a pas 15 minutes j'étais dans mon lit en train de dormir alors... Mais mes parents m'en ont parlé, c'est juste que c'est un peu surprenant. Par contre, ils ne m'ont pas raconté grand chose, alors..."

Elle sourit. Tant mieux, ce sourire à l'air sincère.

"Sans vouloir vous ennuyer, je suis nue sous cette nuisette, et j'ai froid, alors..."

Je me sens soudain gourde. D'un côté, je sus excusée, la bizarrerie de la nuit est une cause suffisante. Enfin, au moins, je ne suis pas en danger, du moins je n'en ai pas l'impression. Et je ne suis pas dans un rêve. Mais est-ce vraiment un problème ?